Institutrice, rénovatrice de meubles et agent de la DGFIP

 
En 2011, J’étais dans le rejet de tout mais surtout de la hiérarchie et des collègues, je l’avoue....
 
A l’époque j’enseignais le français aux enfants étrangers et toutes les heures passées en voiture à aller d’école en école, pour les cours, les réunions de concertation avec les collègues ou avec les parents, le temps passé à trouver des traducteurs en qui les parents des élèves pouvaient avoir assez confiance pour raconter leur histoire, les réunions aves les services sociaux, les réunions bilans avec l’inspecteur ou le Casnav… tout cela eut raison de ma foi en l’éducation nationale.

Alors un jour, j’ai pété un câble et j’ai créé mon entreprise de rénovation de meubles.

Je voulais fuir le monde, être chez moi, seule, et ne rendre de compte à personne sauf à moi même.
 
Durant 3 ans, j’ai vécu de ma petite entreprise de vente de meubles vintage par le net, et comme tout extrême n’est pas bon... :
Travailler chez soi H24, 7j/7,
Ne voir personne dans sa jour là, à part le transporteur qui a autant de conversation qu’une huître, 
avoir affaire à des clientes de plus en plus exigeantes, 
chiner et courir après la bonne affaire, négocier, 
discuter les devis, 
courir après Léon et son gros camion, 
faire son salaire chaque début de mois...
Tout cela use aussi.
L’herbe est plus verte ailleurs, mais non en fait…
 
De rage et de colère après un énième connard de transporteur qui m’avait plantée là sans raison en plein succès de mon entreprise, j’ai fermé boutique en 3 clics sur le net (c’est là qu’on se rend compte que le site des impôts pour les entreprises est super pratique et facile d’accès ????)
 

J’ai effacé mon site de vente sur la toile, j’étais dans le rejet à nouveau…

Mais j’ai appris.
Je suis une autodidacte dans la patine, l’ébénisterie, le marketing, la vente, la création, le commerce,
je sais désormais ce que signifie « vivre de son propre travail »,
je suis devenue une manuelle, j’ai découvert des talents que je ne soupçonnais même pas en moi,
j’ai trouvé l’équilibre entre l’intellect et le manuel,
j’ai découvert qu’on pouvait se surpasser, puiser en nos ressources et s’étonner soi-même
j’ai découvert que la notoriété n’est qu’une histoire d’ego…
J’ai grandi.
 
Et puis je me suis dit qu’il ne fallait pas que j’efface cette parenthèse de ma vie parce que justement elle fait partie de ma vie.
 Donc j’ai recréé un blog avec le nom de mon entreprise (après tout j’ai payé pour déposer ma marque à l’INPI durant 10 ans), et j’en ai fait un Portfolio qui répertorie la moitié de mes créations soit 400 en tout. 
 
N’apparaît dans ce blog que la moitié car je ne montre pas les réalisations clients, et j’ai perdu beaucoup de mes photos après un craquage d’ordi, une clé usb défectueuse et un disque externe pourri…
 
Toujours n’est il que je suis revenue à plein temps dans l’éducation nationale.

Et là, j’ai re-pété un câble. Cette fois à cause de l’inclusion sans formation ni moyens. 

J’adore enseigner, transmettre, mais là je n’étais plus qu’un agent de sécurité au sein de ma classe de petite section surchargée et avec un tiers de cas pathologiques. De l’enfant hyperactif, à l’enfant tyran, en passant par l’enfant handicapé qui ne s’exprime que par cris et pleurs. Voilà  ce qui a eu raison une fois de plus de ma foi en l’éducation nationale.
 

Un jour en parcourant des publications sur un groupe Facebook d’enseignants cherchant à se reconvertir professionnellement, j’entends parler de la Dgfip.

Et là, c’est l’illumination. 

Voilà ce que je veux faire. 
 
Je me rappelle d’une ancienne collègue de l’IUFM qui finalement, n’ayant pas eu le concours avait réussi celui des impôts.
 
Je la retrouvais un beau jour de déclaration de taxe foncière de mon entreprise.
Je m’étais rendue aux impôts pour obtenir de l’aide et j’en avais trouvé.
Mais plus ce que ça... En discutant avec elle, je m’étais  faite la réflexion suivante : pourquoi n’avais je pas choisi cette branche ?
Et bien aujourd’hui, je l’ai choisie. 
J’ai réussi le concours d’agent c en interne, je suis dans les 20 premiers, et j’en suis fière.

Parce que repasser des examens à plus de 40 ans ce n’est pas évident.

On a perdu confiance en soi, broyé que l’on est par cette grosse machine qu’est l’éducation nationale qui nous fait croire qu’on ne sait rien faire d’autre et qu’en plus on ne le,fait jamais assez bien.
 
Le plus éprouvant fut la présentation orale de 2 minutes chrono. Comment résumer mon parcours et mes expériences ou compétences acquises durant plus de 20 ans ?
 
Ce fut fait tout de même, j’ai eu 14 à l’oral. 
 
Donc voilà, j’ai passé le cap, j’ai trouvé la porte dans l’escape game que représente l’éducation nationale.